Il y a plus d’un siècle, Wood’s Homes était un petit orphelinat. Par la suite, il a connu une croissance et a ouvert plusieurs centres dans la grande région de Calgary. Chez FCT, nous nous impliquons envers notre communauté. C’est pourquoi nous sommes fiers de soutenir les centres alors qu’ils offrent des soins de santé mentale et des soins en cas de crise, aux enfants, aux adolescents et aux jeunes adultes.
Aujourd’hui, Susan Ward, gestionnaire de programme chez Wood’s Homes, discute avec nous des effets des traumatismes sur les jeunes et du rôle du pardon dans le processus de rétablissement.
Qu’est-ce qui rend votre approche unique à l’égard de l’itinérance chez les jeunes?
Nous apprenons à notre personnel et à nos enfants qu’ils peuvent faire des erreurs. Notre pratique consiste à établir des relations grâce au leadership et au pardon.
Beaucoup de nos jeunes ont été maltraités et ont appris à la dure tôt. Il arrive souvent qu’ils reproduisent ces leçons dans leur propre vie. Ils peuvent injurier leurs proches ou les repousser. Nous parlons de « comportement axé sur la souffrance ». Ils pensent qu’ils n’en valent pas la peine, alors ils essaient de gâcher la relation.
C’est là que le pardon entre en jeu et aide à rompre ce cycle. Notre philosophie est « d’avoir droit à l’erreur ». Il y a beaucoup d’enfants qui viennent nous voir et qui ont encore cette mentalité axée sur la souffrance et qui se disent : « Je vais ruiner ma chance et tu vas me jeter dehors. » Nous serons toujours là pour eux.
Le pardon permet d’apprendre à nos enfants comment se réconcilier avec leur passé. Se pardonner peut être un moyen de pardonner aux autres.
Pourquoi Wood’s Homes accorde-t-il autant d’importance à la santé mentale?
Nous en savons beaucoup plus qu’il y a 10 ans sur la façon dont le traumatisme se transforme en dépendance et son rôle dans la santé mentale.
Il y a souvent un événement traumatique important qui ne correspond pas toujours à ce que les personnes peuvent imaginer lorsqu’il s’agit de violence pendant l’enfance. C’est peut-être parce que les parents ne peuvent pas accepter leur enfant transgenre ou parce qu’une famille est incapable d’accepter un diagnostic de maladie mentale. J’ai connu également des jeunes qui ont subi un traumatisme in utero, car leur mère a été victime de violence conjugale et de mauvais traitements pendant la grossesse.
Même si un traumatisme survient trop tôt pour qu’ils s’en souviennent, il modifie quand même le développement du cerveau. Ce traumatisme a une incidence sur la capacité d’une personne à établir un lien de confiance, ainsi que des attachements sains. C’est pourquoi il est important de ne pas considérer la santé mentale comme un problème distinct. Nous ne travaillons pas seulement avec des personnes, mais aussi avec leur famille et leurs cercles de soutien.
À quoi ressemble le travail effectué auprès des familles?
Notre programme de stabilisation communautaire aide à déterminer les familles où une intervention peut être utile. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les familles commencent à se désagréger. Il est très important de pouvoir intervenir tôt.
Par exemple, nous pourrions avoir une famille où l’enfant fait l’école buissonnière et dont les notes commencent à baisser. Un parent trouve du papier à rouler dans la chambre à coucher de son enfant et le conflit commence à s’aggraver. L’enfant commence à avoir une attitude oppositionnelle en raison des querelles. Ce sont tous des signes avant-coureurs d’une possible rupture familiale. C’est une situation où nous pourrions intervenir.
Les services à l’enfance n’ont pas besoin d’intervenir, car les enfants viennent et restent avec nous pendant cinq jours. Ils ont une visite de médiation par famille chaque jour. Tout le monde discute avec un conseiller formé pour essayer de déterminer où se trouvent les lacunes et sur quoi nous pouvons travailler.
Par ailleurs, nous avons des enfants qui ont perdu le lien avec leur famille et qui sont en situation d’itinérance. Nous essayons de travailler avec leur famille proche, mais seulement lorsque c’est possible. Parfois, il peut s’agir d’une personne que l’enfant considère comme un membre de la famille ou comme un soutien naturel. Nous avons une conversation avec elle : comment pouvons-nous travailler ensemble et établir un réseau de ressources pour ce jeune? Peut-être que l’enfant ne peut pas vivre avec cette personne, mais il a quand même besoin de gens sur qui il peut compter lors des moments difficiles.
Qu’aimeriez-vous que les personnes sachent au sujet des jeunes avec qui vous travaillez?
J’aimerais que tout le monde puisse les voir comme je les vois : ils sont imparfaits, mais incroyables. Chaque enfant avec qui j’ai travaillé au cours des 19 dernières années a ajouté quelque chose à ma vie.
Je me suis levée pour aller travailler ce matin et l’un de mes enfants est sorti de l’immeuble en courant. Il était nu-pieds et en pyjama; il était simplement heureux de me voir. Il s’agit d’un enfant qui a souffert; il ne fait pas confiance aux gens, mais il me fait confiance. C’est une responsabilité que nous assumons chaque jour. Nous contribuons à réécrire la vie de toutes les personnes qui se présentent chez nous, qu’elles aient 5 ans ou 25 ans.
Les enfants sont les êtres les plus résilients de la planète. Ils peuvent vivre de tels événements marquants dans leur vie et ils peuvent encore rire, aimer et tisser des liens. Ces jeunes valent la peine d’être aidés. Ils valent la peine d’être défendus.
Découvrez comment vous pouvez aider Wood’s Homes et contribuer à changer les choses pour les jeunes en situation d’itinérance à Calgary.